Auteur de l’article : Olivier Boyaval

Voici le premier article d’une série sur l’auto-publication. Dans celui-ci nous allons simplement aborder les différentes étapes et les conseils généraux de la réalisation d’un livre. Dans notre cas ce sera les règles d’un jeu de rôle, mais les principes sont les mêmes pour un roman ou un livre technique.

Les étapes de l’auto-publication : La rédaction

La création du contenu

La première étape dans la publication d’un livre est bien entendu sa rédaction. Le contenu de votre livre sera l’élément essentiel amenant le lecteur à s’arrêter dès la première page ou d’aller jusqu’à la fin. La mise en page et la couverture sont des éléments d’accroche : ils donnent au lecteur l’envie d’acheter ou de feuilleter le livre. Toutefois, même avec une mise en page exceptionnelle, un livre au contenu insipide n’aura pas beaucoup d’avenir.

La qualité de la rédaction est donc importante. Au delà de l’idée géniale qui vous pousse à écrire un livre, il faut savoir la transposer par écrit en bon français et de façon claire. Il ne faut pas hésiter durant cette étape à relire régulièrement vos écrits pour en corriger les erreurs (fautes de grammaire ou d’orthographe, phrases mal construites, imprécisions dans le contenu, etc.).

Des relectures effectuées par d’autres personnes permettent de corriger plus d’erreurs : pas facile d’avoir du recul quand on a le nez dans le guidon ! Dans le cadre d’un jeu de rôle, vous pourrez recruter des volontaires sur les forums.

Les outils

Du côté de la rédaction en elle même, il vous faut un traitement de texte. Il n’a pas besoin d’être performant, mais il doit pouvoir gérer les styles de paragraphe. Dans cette étape, il ne faut pas faire de mise en page mais l’utilisation des styles de paragraphe permet de faciliter le travail de mise en page par la suite. Donc il faut oublier Microsoft Write, l’éditeur de texte de Windows qui est une sorte de Word très allégé.

Pour cette étape de rédaction, vous pouvez utiliser :

  • Microsoft Office Word : Le programme phare de Microsoft est payant et parfois livré avec l’ordinateur.
  • Writer de Libre Office (ou d’Open Office) : Le pendant libre à la suite de Microsoft Office. C’est un produit performant et gratuit, qui a en plus l’avantage de gérer des formats de fichier ouvert (odt) pouvant être plus facilement utilisés que le format docx. Tout comme les dernières versions de Microsoft Office Word, Il est capable d’exporter un document au format PDF.
  • Document de Google Drive : Contrairement aux deux logiciels précédents, le traitement de Google est un traitement de texte en ligne. Il permet le travail collaboratif de plusieurs rédacteurs en même temps sur le même document. Un document peut être exporté au format odt, docx, html ou pdf. Par contre, il est limité au niveau des styles et ne permet pas de faire des mises en pages compliquées. À n’utiliser que si vous faites la mise en page avec un logiciel spécialisé dans la Publication Assisté par Ordinateur (PAO).

Si vos moyens sont limités, nous vous recommandons de résister à la tentation du piratage et de privilégier les logiciels libres : ils sont gratuits et la plupart n’ont pas grand chose à envier aux logiciels propriétaires. Dans les articles suivants, vous verrez que j’utilise beaucoup les logiciels libres pour mes propres réalisations.

Conseils pour la rédaction

Les conseils que l’on peut donner sont :

  • Ne pas faire de mise en forme directe des caractères et utiliser à la place les styles de paragraphe. Par exemple, pour faire un titre de chapitre dans votre document, utilisez le style “Titre 1” plutôt que de mettre le texte en gras et d’augmenter sa taille. Si le résultat visuel du style “Titre 1” ne vous plaît pas, ce n’est pas grave, vous pourrez, dans l’étape de mise en page, modifier le style et donc modifier la présentation de tous les titres de chapitre de votre livre d’un coup.
  • Découper le texte en autant de fichiers que de chapitres si vous prévoyez d’utiliser un logiciel de PAO. Cela n’est pas nécessaire si  vous utilisez un traitement de texte pour la mise en page.
  • Ne pas s’occuper de la mise en page à ce stade. Les éléments tels que les numéros de page, les sauts de page, ou les fontes font partie du travail de  mise en page, qui est une étape ultérieure.
  • Ne pas mettre d’image. Si vous voulez qu’il y ait une image à un endroit donné de votre texte, indiquez le nom de l’image à mettre. Comme vous voulez imprimer votre livre, il faut des images en haute définition et il est préférable de les stocker sous la forme de fichiers pour l’étape de mise en page. Dans le cas d’un livre technique avec des copies d’écran, le principe est le même : inclure dans le texte non pas une image, mais une référence vers le fichier image.
  • Gérer de façon cohérente les tableaux. Comme les images, les tableaux gênent le travail de mise en page. Comment les gérer  ?
    • Si vous ne voulez pas vous embêter et que vous allez utiliser un simple traitement de texte pour faire la mise en page, alors mettez les tableaux avec votre texte. Il faudra porter une attention toute particulière à la mise en page des tableaux.
    • Si vous voulez utiliser les mêmes tableaux à plusieurs endroits du livre, pour avoir un rappel de toutes les tables à la fin du livre par exemple, il est préférable de gérer les tableaux dans des fichiers externes (document texte ou tableur) et de les incorporer au moment de la mise en page.
    • De même, si votre mise en page sera réalisée avec un logiciel de PAO comme Scribus, mieux vaut insérer dans votre texte une référence au tableau que vous voulez voir plus tard à cette place et gérer le tableau dans un fichier à part (document texte ou tableur). Scribus (le concurrent libre d’InDesign) gère très mal les tableaux dans sa version actuelle et il faut importer le tableau comme une image. Si vous utilisez une version récente d’Indesign, vous n’aurez pas ce souci.

Et après ?

Une fois le texte rédigé, corrigé et validé, le bout du tunnel est encore loin ! Les étapes évoquées ci-dessous vous permettront d’arriver au but de l’auto-publication. Bien sûr, un éditeur vous affranchira de tout ce travail, mais là c’est une autre histoire et je serai bien incapable de vous conseiller dans ce sens.

Que reste-t-il donc à faire avant de publier votre livre :

  • Protéger votre travail et vos droits. C’est une étape importante. Comme je suis un “libriste” convaincu, j’aurais tendance à conseiller des licences libres. Quelles que soient vos préférences, faites attention, car parfois la licence vous sera imposée, en particulier si vous reprenez une partie d’une oeuvre réalisée par une autre personne ou appartenant à une société. Par exemple, si votre jeu de rôle reprend du contenu diffusé sous Licence Ludique Libre (OGL en anglais), vous devrez diffuser vous aussi ce contenu avec la Licence Ludique Libre.
  • Choisir le ou les formats de publication. Outre les différents formats papier, il faut aussi penser aux formats numériques, notamment depuis la démocratisation des tablettes, des liseuses ou des smartphones. Pour ma part, je me sers souvent de ma tablette 7 pouces comme support de lecture…
  • Choisir comment diffuser votre œuvre. Pour l’impression, vous pouvez bien entendu trouver vous-même un imprimeur, mais il existe désormais des plateformes en ligne d’impression à la demande. Plus besoin d’imprimer une certaine quantité de livres avant de les vendre : l’acheteur déclenche l’impression du livre chez un imprimeur spécialisé au moment de sa commande. C’est cette méthode que j’utilise actuellement pour mes productions.
  • Réaliser la mise en page de votre œuvre. La mise en page met en valeur votre texte et participe à l’envie du lecteur d’aller au bout de sa lecture. Selon le support de diffusion de l’œuvre et la complexité de la présentation, vous pouvez utiliser un logiciel de PAO ou un simple traitement de texte. C’est aussi lors de cette étape qu’il vous faudra trouver les éventuelles illustrations à ajouter.
  • Réaliser la couverture de votre oeuvre. Une bonne couverture permet de se démarquer des autres livres et de susciter la curiosité du lecteur. C’est une étape à ne pas négliger.
  • Trouvez le bon rapport qualité prix. Par exemple, éditer un jeu de rôle amateur à 50 euro avec une couverture rigide et des pages en couleur ne me semble pas raisonnable. De plus, il faut tenir compte des frais de port, qui peuvent être élevés dans le cas de publication à la demande.

Vous avez publié votre livre ? Ne criez pas victoire trop vite, car il vous reste encore du travail :

  • Communiquer autour de votre livre. À quoi bon éditer un livre si personne n’est au courant qu’il existe ? La communication est un élément primordial de l’auto-publication. Ici personne ne le fera pour vous, donc faites en la promotion dans les forums, les conventions ou lors de séances de démonstration.
  • Faire le suivi de votre œuvre. Il est important de corriger les erreurs qui vous ont échappé lors de la sortie du livre. Avec l’impression à la demande, il n’est pas nécessaire d’écouler les stocks du livre avant de le corriger : les nouveaux acheteurs auront la dernière version du livre. Pour les possesseurs des versions plus anciennes, mettez à disposition un errata.
  • Faites vivre votre jeu. Un jeu qui n’évolue pas meure rapidement.  Donc n’hésitez pas à sortir régulièrement des extensions ou des scénarios afin de donner un intérêt à son jeu. Il existe beaucoup de jeux, amateurs ou non, alors faites ce qu’il faut pour sortir le votre du lot !