Après Epées & Sorcellerie, tu as réalisé Aventures Fantastiques. Peux-tu nous en dire plus sur ce jeu ?
Pour des raisons sentimentales, mon édition de référence reste la boite rouge, celle de Moldvay telle qu’elle est parue en Français. Après Epées & Sorcellerie, je me suis dit que ce qui manquait le plus, c’était un jeu qui reprenne les mécanismes de cette version, sa simplicité et son efficacité, pour les niveaux les plus courants (c’est-à-dire 1 à 14, pour lesquels la majorité des modules sont publiés), tout en intégrant certains aspects iconiques d’AD&D : les classes, certains sorts, objets magiques, monstres classiques, etc. de manière à faire une synthèse des deux. Je ne suis pas encore 100% satisfait du résultat, mais il me semble que l’idée de base est bonne : ne pas chercher à cloner telle ou telle version, mais bien capter l’esprit de D&D. Pour l’instant, seuls les PDF du manuel des joueurs et les monstres sont disponibles. Une version imprimable richement illustrée, à ma manière, est en cours de mise en page. Ensuite, tout dépend : si des joueurs s’en emparent vraiment, publient du matériel, j’irais plus loin dans le projet.
Peux-tu nous donner quelques détails sur la genèse de ton cadre de jeu, le Dodécaèdre ?
Je souhaitais depuis longtemps écrire un monde. J’ai esquissé de nombreux brouillons peu satisfaisants, avant de comprendre ou était le problème : créer un monde ex nihilo ne convenait pas. L’esprit des premiers mondes de D&D, c’est que c’étaient des mondes développés au cours de campagnes de jeu réelles. Si je voulais créer un monde, il fallait que je le fasse à partir de ce que j’avais joué, des endroits que mes joueurs avaient visités, des PNJ qu’ils avaient rencontrés.
Évidemment, ça posait de nombreux problèmes. D’abord, pour ce qui est de D&D, j’avais surtout joué dans des mondes publiés : les iles du Kersh (du magazine Chroniques d’outre monde) le Known World puis Mystara, les Royaumes oubliés, sans compter les incursions dans d’autres univers. Il fallait donc sélectionner dans ce corpus ce que j’avais réellement utilisé, de le travailler en fonction de ce qui avait été joué, des archives et des souvenirs qui m’en restaient, et fusionner le tout de manière à s’abstraire de ces mondes pour créer quelque chose de neuf, de personnel. À cela venait s’ajouter naturellement ce que j’avais créé, comme l’Urjah, l’Orient cynodéen que j’emploie pour mes play-by-posts.
Au cours de la réflexion, je me suis demandé s’il fallait se limiter à D&D, alors que j’avais des campagnes jouées avec d’autres systèmes qui pouvaient d’y intégrer. Par exemple, l’empire du Shanzen, juste évoqué pour l’instant, provient d’une campagne wuxiapian jouée avec le BRP. Jusqu’à là, rien de très difficile. Mais j’avais tout de même consacré plusieurs années à une campagne de Vampire centrée sur la France de la fin du XVIIIe siècle, avec des voyages en Orient et en Afrique : fallait-il l’inclure, malgré les difficultés que cela posait ? Non seulement j’ai admis cette idée, mais j’y ai puisé un élément essentiel : le Dodécaèdre lui-même, au départ un monde onirique lié au monde réel par de multiples symboles. Certains aspects du monde que je développe en proviennent directement.
Une fois ce pas franchi, j’ai fait le pari que, d’une manière ou d’une autre, tout ce que j’avais joué était susceptible d’être intégré, même si cela nécessite des adaptations plus ou moins importantes : ma longue campagne de la Compagnie des glaces, celle de Marvel Super-héros, et ainsi de suite – le tout, en respectant le principe de base qu’il s’agit d’un monde de « capes & d’épées fantastiques ».
À l’été 2011, j’ai rouvert tous mes fichiers, tous mes cartons d’archives et compilé une centaine de pages de notes, qui me servent de trame de travail. Deux livrets sont déjà disponibles : le Consulat et les Essarts. Le troisième, L’Empire, est déjà bien avancé. J’en envisage cinq à six autres, selon la manière dont je vais découper le travail. Ensuite, je me lancerais dans une compilation, en tenant compte des demandes et des remarques exprimées par les premiers lecteurs, pour que l’ensemble soit disponible en un seul livre.