Un entretien avec Olivier Boyaval, maquettiste et illustrateur de Niil.
Tu ne couperas pas à la traditionnelle présentation…
Me présenter ? drôle d’idée, j’avoue que je préfère souvent rester en arrière plan, notamment pour ce hobby qu’est l’auto-publication, et laisser l’auteur sur le devant de la scène.
Ça fait quelques années que je roule ma bosse dans l’infographie et que j’utilise pour cela des logiciels libres. Mes premières armes auront été chez Linuxgraphic.org un site spécialisé dans le libre et l’infographie. Ce qui m’a même permis d’écrire un article publié dans la presse spécialisée sur Linux. Par la suite, j’ai fait un passage dans l’équipe d’un jeu vidéo en ligne et tenter ma chance, sans succès, pour la création de mon propre projet de jeu. Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver des partenaires pour ce projet et, seul, il n’était pas réalisable.
En parallèle, mes enfants grandissant, j’ai voulu les initier aux jeux de rôle sur table. C’est vrai que c’était un sujet qui me passionnait dans les années 80 mais que j’avais abandonné, faute d’autres joueurs, au profit de l’informatique. J’étais aussi passionné par les wargames, j’ai encore dans ma collection un Squad Leader et surtout « the war of the ring » de SPI. Dans mes armoires, j’ai encore pas mal de numéros de Jeux & Stratégie ainsi que de Casus Belli. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier magazine, qu’adolescent, j’ai découvert Tolkien.
Mes premières collaborations sur le jeu de rôle datent de l’époque où j’ai découvert Le Scriptorium et c’est d’ailleurs avec tes projets, Dungeonslayers, Openquest VF et PMT, que j’ai commencé à faire de la publication.
Ce que j’aime c’est avant tout de créer. Je ne me considère pas comme un véritable artiste mais plus comme un touche à tout qui aime partager les techniques et les astuces qui permettrons à ceux qui ont du talent de partager eux-même leurs créations. C’est un peu l’objectif de mon blog sur l’auto-publication. Comme j’aime le libre, j’ai aussi ajouté cette dimension à mon blog : présenter les jeux de rôle libres.
J’en ai déjà beaucoup dit alors j’arrête là ma présentation.
Comment est née l’idée d’une collaboration avec Elvith Gent ?
Disons que pour faire des articles sur l’auto-publication, c’est quand même bien de savoir de quoi l’on parle non ? Enfin si, c’est quand même mieux
Je recherchais un projet que je pouvais mener à bien de la mise en page jusqu’à la publication en utilisant des outils à la disposition de tous. C’était il y a presque 2 ans maintenant. A cette époque Elvith venait d’annoncer la sortie prochaine de la nouvelle version de Niil, l’univers qu’il avait créé depuis 2006, et dont les versions étaient disponibles sur internet. Comme j’avais feuilleté la précédente version en imaginant ce que l’on pouvait faire pour mettre en valeur le texte et aider le lecteur à s’y retrouver dans cet univers, je lui ai proposé de faire la mise en page et de publier le livre chez Lulu.
Un deal gagnant / gagnant : lui aurait une mise en page et une publication gratuite et moi des supports pour mes articles et un univers qui devenait 100% libre.
Le fait qu’Elvith acceptait d’enlever la clause non commerciale de la licence Creative Commons était un point important dans le deal. Comme il est également utilisateur de logiciel libre, il n’a pas été difficile de le convaincre. Maintenant tout le monde peut participer à l’évolution de Niil. Je pense que c’est bien pour Elvith aussi, car ça ne peut que valoriser sa création.
Comment as-tu procédé pour réaliser cette maquette (méthodologie, logiciels utilisés…) ?
La méthodologie ? Oups j’ai dû rater des cours moi. Non ce n’est pas mon métier de base, ça a été empirique d’autant que je n’ai pu valider certaines choses qu’une fois que j’ai lancé l’impression d’un nuancier de couleur et surtout d’une maquette intermédiaire. Avec la maquette intermédiaire j’ai pu corriger quelques petites erreurs et valider le principe de la mise en page finale.
Pour les logiciels, c’est simple ce sont des logiciels libres : Gimp pour la retouche d’image, Inkscape pour le dessin vectoriel et surtout Scribus pour la mise en page. Du 100% libre, et pas besoin de dépenser des sommes faramineuses pour se lancer dans l’aventure. Après c’est de l’huile de coude, de la recherche sur internet, des tests et enfin de la persévérance pour arriver au bout.
Quelles ont été les principales difficultés selon toi ?
Le projet a duré près de 2 ans. Plusieurs raisons à cela mais la principale c’est que c’est un hobby et pas le job qui me nourrit. Ayant eu pas mal de soucis professionnels, j’ai eu des hauts et des bas et ma motivation en a pris un coup. Maintenant, je n’étais pas seul sur le projet et ça c’est une force car on s’est motivé mutuellement.
Du côté technique, il y a 2 points qui ont rendu le travail plus difficile.
Le premier point, c’est la volonté d’Elvith d’avoir une publication finale en couleur. Mes premiers contacts avec la couleur en impression chez Lulu n’étaient pas bon. Comme la couverture d’Openquest VF 1 qui était ratée car trop sombre à l’impression. Faire une première publication en couleur c’est un défi car le résultat doit être parfait bon vu le coût de fabrication. C’est aussi pour cela que l’on est parti sur une reliure couverture rigide, autant aller jusqu’au bout et faire un beau livre.
Le deuxième point, ce sont les illustrations. Non seulement il fallait des illustrations libre de droits mais également d’une définition correcte et … en couleurs. Je suis plus à l’aise avec le N&B qu’avec la couleur donc j’ai décidé de partir sur un style de dessin à ma portée. J’avoue que je ne suis pas fier de toutes les illustrations, j’essaierai de faire mieux la prochaine fois.
En plus des illustrations « originales », souvent basées sur des photos redessinées, j’ai dû revoir toutes les illustrations d’Elvith (hormis la carte qui était parfaite) pour qu’elles soient dans une définition suffisante pour l’impression. J’en ai profité pour revoir toute la partie armoiries pour la rendre plus attrayante (enfin j’espère !).
Et après ce livre, qu’as-tu prévu ?
Tout dépend de mes disponibilités car j’essaye de ne pas y consacrer plus de 2 ou 3 soirées par semaine.
J’ai plusieurs projets sur le feu :
- Contribuer au contenu de Niil avec une aide de jeu sur la conversion pour PMT.
- Finir une aide de jeu pour PMT, B/X et E&S sur les univers Swords & Sorcery commencée début 2014.
- Et surtout mettre en page PMT Avancé. C’est un gros projet et j’ai envie de faire encore mieux que Niil – Univers.
PMT Avancé sera aussi une nouvelle étape dans l’auto-publication, si je peux tester les services de Createspace car je pense qu’il y a une vrai demande de la part des auteurs francophones de trouver une alternative économique à Lulu.
Enfin, il y a aussi le projet de label « Le Scriptorium » que l’on a lancé ensemble à l’occasion de la sortie d’Openquest VF 2 et de Niil – Univers. Ce « label » n’a pas pour objectif de transformer Le Scriptorium en éditeur, il faudrait créer une association pour cela, mais est destiné à donner plus de visibilité à des créations ou à des traductions.
Ça fait déjà beaucoup, non ?